Impossible de passer à côté de Bryan Johnson. Ex-CEO d'une start-up revendue à PayPal pour quelques centaines de millions, cet américain s’est reconverti en cobaye de luxe. Sa mission est simple : devenir le premier humain à hacker son vieillissement, en rajeunissant plus vite que le temps ne passe. Et donner les clés au grand public pour en faire de même.
Clivant, perché, complètement flippant, on est d'accord. Mais sa stratégie marketing, elle, est imparable. Rien que ces 30 derniers jours, il a généré 14 millions de vues sur ses contenus et fait la une des plus grands médias internationaux (Forbes, Le Monde, Le New York Times, The Guardian, Vogue...). Qu’on adhère ou pas à son délire, son marketing est une véritable masterclass.
À défaut d’adopter son mode de vie, voici 6 clés de succès à lui voler sans scrupule.
À première vue, "Don’t Die" ressemble à une citation tirée d'un nanar des années 90. En réalité, c’est un slogan qui fait mouche pour Bryan et ses petites affaires.
Parce que c’est brutalement simple. Deux mots, une injonction, aucun adverbe. Là où la majorité des slogans dans l’univers de la santé misent sur des promesses bienveillantes ("Empowering life" de Sanofi), Bryan Johnson prend le contre-pied avec une phrase qui ne cherche pas à rassurer, mais à provoquer. Rappelons que pour lui, notre génération sera la dernière à mourir de vieillesse. À nous donc de faire les bons choix aujourd'hui pour rester en vie demain, en attendant que la science continue ses avancées.
Son objectif premier n'est pas de convaincre mais de percuter. En 2025, l’attention est devenue une ressource plus rare que le pétrole, et Bryan Johnson l’a parfaitement intégré. "Don’t Die" fonctionne car :
Autrement dit : c’est une unité de marque mobile, mémorable, modulable. Exactement ce que doit être un bon slogan aujourd’hui.
Tous les récits puissants ont leur antagoniste. Luke a Dark Vador, Apple a Microsoft. Vous l'aurez compris, Bryan Johnson, lui, déclare la guerre... À la mort.
Et, plus largement, derrière la grande faucheuse : les multinationales agroalimentaires, les sucres cachés, le vieillissement biologique et, plus largement, tout ce qui accélère notre déclin sans qu’on y prête vraiment attention.
En storytelling, créer un “ennemi commun”, c’est donner une direction claire au récit, un moteur émotionnel au discours, et une raison d’être à la communauté. C’est ce qui transforme un mode de vie en manifeste. Bref, c'est plutôt smart.
Bryan ne cherche pas à plaire à tout le monde. Et c’est pour ça qu’il fascine autant qu’il énerve.
Il s’expose torse nu sur fond de courbes biologiques, évoque en toute détente ses transfusions de sang avec son fils (oui, vraiment) et partage sans filtre l’état de son transit intestinal. Le tout, au nom de la science et du bien commun (personne ne lui a jamais rien demandé, mais bon). Certains le voient comme un visionnaire, d’autres comme un sociopathe mégalo. Qu'importe, il continue.
Pourquoi ça marche :
Vous savez, c'est le fameux dicton "il n'y a pas de mauvaise publicité".
3,1 millions de vues pour sa routine matinale extrême. 2 millions pour son petit déjeuner anti-aging (spoiler, pas de café). Des milliers de clics pour consulter ses biomarqueurs. Bryan partage tout, tout le temps. Et ça fascine. En exposant son quotidien, il brise les barrières habituelles entre public et privé. Les recherches en neurosciences montrent que les contenus qui provoquent une réaction émotionnelle intense (choc, gêne, fascination ou rire) sont mieux encodés dans la mémoire. C’est ce qu’on appelle le biais de distinctivité : notre cerveau stocke prioritairement ce qui sort de la norme.
Moralité : plus un contenu est transgressif, plus il est mémorable.
Bryan Johnson dépense plusieurs millions par an pour optimiser son corps, et rend ses enseignements publics. Gratuitement.
Ses données biométriques, ses recettes, ses routines, ses protocoles, ses résultats… Tout est accessible sur son site Blueprint. En marketing, c’est ce qu’on appelle jouer la carte de "l’over-delivery", donc du "dépassement de l'offre". Donner beaucoup, sans vendre tout de suite. Et provoquer un réflexe simple : “s’il donne ça gratuitement alors imagine ce qu’il facture.”
Cette stratégie n’est pas nouvelle, mais elle prend une tout autre ampleur quand elle s’appuie sur :
Bryan incarne son produit. Et sa générosité de contenu devient un puissant outil de réassurance, de preuve sociale et d’autorité. Idéal pour attirer et fédérer, l'étape qui précède "vendre un pack longévité à 250€".
Bryan Johnson a une vision bien personnelle de sa “communauté” : il en a fait une armée. La Don’t Die Army, pour être précis. Des milliers de personnes qui suivent ses protocoles, se mesurent, se comparent, s’organisent et se retrouvent le dimanche matin pour courir à 7h. Volontairement.
En marketing, cette capacité à transformer des utilisateurs passifs en activistes de marque est redoutable.
Pourquoi ça marche ?
Notre petit doigt nous dit qu'on n’a pas fini d'entendre parler de Bryan et de son projet.
Si l'immortalité reste (encore) hors de portée, sa stratégie marketing à l'international pourrait en tout cas bien lui survivre.