Trouver un nom, c’est souvent la phase la plus longue d’un projet. On pourrait croire que ce n’est qu’une formalité, une petite étape avant le vrai boulot. En pratique, c’est une bataille. On brainstorme, on note des listes interminables dans un Google Doc, on s’envoie des messages à deux heures du matin parce qu’on a eu une illumination en sortant de la douche… et à la fin, on a passé trois semaines à débattre pour trois syllabes.
C’est rageant, parce que sur le papier ça n’a pas l’air compliqué. Trois syllabes, franchement, ça devrait rouler. Mais non. Entre les noms déjà pris, ceux impossibles à prononcer et ceux qui veulent dire “chaussette sale” en coréen, c’est un casse-tête digne d’un escape game. Parfois, on en vient même à se dire que lancer une pizzeria aurait été plus simple.
Un nom, c’est la carte d’identité d’un projet. La première chose que les gens rencontrent, avant même ton logo, ton produit ou ton site web. Un bon nom doit marquer les esprits immédiatement, comme un refrain de Dua Lipa qui te reste en tête malgré toi.
Il doit être facile à prononcer. Si tes clients hésitent en public avant de dire le nom de ton marque ou de ton appli, c’est perdu. On n’a pas envie d’avoir l’air bête en hésitant devant ses potes. Il faut que ça roule naturellement, dans toutes les langues ou presque.
Il doit aussi être trouvable. Et là, c’est souvent le moment où la joie se transforme en cauchemar. Le .com est déjà squatté. Le compte Instagram est pris par un compte inactif qui poste une fois tous les trois ans. Sur TikTok, quelqu’un filme déjà son chien sous ce nom. Bref, il faut être créatif ET logisticien.
Et surtout, il ne doit pas avoir de sens catastrophique ailleurs. L’anecdote la plus célèbre est celle de la voiture “Nova” censée signifier “ne va pas” en espagnol. Même si l’histoire est discutée, elle illustre parfaitement le risque. D’autres marques se sont fait piéger de la même manière.
Résultat : moqueries, bad buzz, voire flop commercial.
Dans la chasse au nom parfait, il y a plusieurs trous dans lesquels tout le monde tombe au moins une fois.
Le premier, c’est le nom trop descriptif. “Appli de livraison de courses rapides”. Oui, c’est clair, mais c’est zéro sexy. Et surtout, c’est indifférencié : tout le monde peut revendiquer ça.
Le deuxième, c’est le générique. “Blue Sky Agency”. “Next Level Consulting”. Des noms tellement banals qu’ils pourraient être collés à n’importe qui. Tu en vois dix par semaine sur LinkedIn.
Le troisième, c’est le trop long. Si ton URL ne tient pas sur une carte de visite, c’est foutu. Sans parler des réseaux sociaux où le pseudo devient imprononçable.
Il y a aussi le nom trop drôle. Sur le moment, ton équipe rit. Mais six mois plus tard, quand tu dois signer un contrat avec une multinationale, tu regrettes d’avoir choisi “Kiki la praline”.
Enfin, il y a les excès de créativité. Ces noms tellement conceptuels que personne ne comprend. Résultat, tu passes ton temps à expliquer ton jeu de mots. Et si tu expliques, tu as déjà perdu.
On pense souvent qu’un nom, c’est une question de style. Un joli son, une belle esthétique. En réalité, c’est bien plus que ça. Un nom, c’est stratégique.
Un nom définit un positionnement. Quand Apple a choisi son nom, ce n’était pas juste pour être mignon. C’était pour se démarquer radicalement de l’univers froid et technique de l’informatique des années 80. À côté d’IBM, “Apple” faisait figure d’ovni accessible et presque friendly.
Un nom traduit une vision. “Google”, inspiré du mot mathématique “googol”, signale dès le départ une ambition démesurée : organiser et rendre accessible l’immensité du savoir. Rien que ça.
Un nom oriente aussi le futur d’un produit. Amazon, par exemple, a choisi d’évoquer la rivière la plus longue du monde. Une métaphore de grandeur, d’abondance, de flux sans fin. Aujourd’hui, c’est exactement ce que la marque est devenue : une immense marketplace où tu trouves absolument tout.
Bref, le nom n’est pas qu’un habillage. C’est une boussole. Il guide la perception et parfois même la stratégie.
La première bonne pratique, c’est la simplicité. Les grands noms qui marchent sont souvent courts, faciles à écrire, faciles à retenir. Lego. Nike. Uber. Des évidences.
La deuxième, c’est l’unicité. On doit pouvoir te trouver facilement et ne pas te confondre avec un autre. Spotify, Airbnb, Zalando. Des mots qui n’existaient pas avant, mais qui paraissent aujourd’hui incontournables.
La troisième, c’est l’épreuve du temps. Les noms trop liés à une mode vieillissent mal. Souviens-toi des start-ups des années 2010 qui ajoutaient des “.ly” ou des “i” en trop pour faire “tech”. Dix ans après, ça sonne daté.
Il y a aussi les mauvais exemples. Pepsi avait lancé Pepsi A.M. pour inciter les gens à boire du soda au petit-déjeuner. Le nom sonnait comme un médicament. Flop total.
À l’inverse, il y a des coups de génie. Cut some "Slack" signifie “lâcher du lest”. Exactement ce que promet l’outil : alléger les équipes, simplifier le travail. Brillant. Nike vient de Niké, la déesse grecque de la victoire. Simple, évocateur, intemporel. Et Lego est la contraction de “leg godt” qui veut dire “joue bien” en danois. Tout est dit.
Un bon nom, c’est comme un parfum réussi. Tu ne le vois pas, mais il t’accompagne partout. Invisible et omniprésent.
Le trouver est un chemin semé d’embûches. C’est long, souvent décourageant, parfois source de disputes internes. Mais quand tu tombes dessus, tu le sais. Il sonne juste, il fait sourire, il donne envie.
Alors si tu as trouvé un bon nom, garde-le. Ne le lâche pas. Il vaut plus qu’un logo, plus qu’une baseline, plus qu’une campagne. Parce que ton logo tu pourras le refaire. Ton site tu pourras le redesign. Mais ton nom, tu vas le porter pendant longtemps.
En clair, un bon nom est une arme secrète. Il fait partie de ton identité, de ton histoire et de ton avenir. C’est un trésor difficile à trouver mais inestimable à garder. Manque plus de choisir sa typo, et là aussi on peut vous aider.