La typographie : un outil de communication puissant
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"Eh mais vous parlez beaucoup de typographies en ce moment ?" : ouais c'est vrai, ça nous passionne. Tu vois la typo c'est un des exemples les plus concrets de comment la forme influence le fond. Pense à une phrase, tu peux déjà l'exprimer de plein de façons différentes, avec le choix des mots. Maintenant tu écris cette même phrase et là tu commences à changer la police d'écriture, tu vois comme celle-ci perd ou prend du sens selon le choix de typo ?
Allez viens avec nous, aujourd'hui on t'explique à quel point la typographie dépasse la simple notion d'esthétique. La typographie peut être un véritable levier pour capter l’attention, renforcer une identité de marque ou même faire passer un message puissant. Encore faut-il bien la choisir.
Derrière chaque police, chaque choix stylistique, il y a une volonté précise, un message, voire des valeurs puissantes. Certaines marques vont même jusqu’à faire appel à des graphistes pour des créations sur-mesure. Ils poussent le bouchon ? Peut-être, peut-être pas. Toujours est-il qu’une bonne typo doit pouvoir servir le propos : minimalisme, sobriété, considérations écologiques, militantisme… Découvrez comment un choix apparemment anodin peut transformer une simple ligne de texte en une identité visuelle percutante.
On commence par des typographies design, minimalistes et épurées. Leur point commun ? Des lignes graphiques et inachevées pour un effet très aéré, avec un texte 100% lisible. Ces polices pourraient presque s’inscrire dans le mouvement des éco-typographies. Avec leurs caractères incomplets, elles utilisent moins de pixels à l’écran et moins d’encre à l’impression.
Nos préférées ?
Le pack Bitmap, pour les nostalgiques. Contenant 2 polices pixélisées, il s’inscrit parfaitement dans la tendance rétro et gaming du webdesign façon 2024.
Ghost Cove, pour celles et ceux en quête de polyvalence. Imaginée par l’agence Anthony James, cette typo tout en courbes offre un résultat très fluide. Ses variations d’épaisseur donnent l’impression d’un liquide dont les gouttes se seraient agglomérées pour former des lettres. En appliquant des ombres, on peut même créer un effet gravure très intéressant.
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Perfograma, pour les geekos. Vous connaissez le Mark I, le premier grand calculateur numérique construit par IBM ? Utilisé par Harvard dans les années 40, il s’agissait d’une machine électronique dans laquelle on introduisait des feuilles de papier perforées. Ces petits trous lui donnaient des instructions, que le Mark I exécutait avant de passer à la suivante. Les débuts de la programmation informatique, quoi. Et bien Perfograma reprend cette idée de carte perforée avec des caractères composés uniquement de trous.
Comme on vous le disait dans l’intro, il arrive qu’une marque ne trouve pas son bonheur dans les milliers de typographies qui existent. Vous connaissez l'adage : trop de choix, tue le choix. Cela peut aussi être dû au fait qu’elle a une idée bien précise en tête ou un besoin spécifique qui n’existe pas encore sur le marché. La solution ? Envoyer un brief à des typographes (ou fonderies numériques) pour obtenir une typo sur-mesure qui colle à 100 % avec le reste du branding.
C’est le cas de l’entreprise néerlandaise Silverside, spécialisée dans les logiciels de collaboration. Lors de la dernière évolution de leur logo, ils ont décidé de créer tout un alphabet assorti. Les lettres, les chiffres et les symboles ont l’air d’être dessinés, un peu comme s’ils étaient peints grossièrement à la bombe. Par dessus, des traits fins viennent renforcer la lisibilité et le caractère graphique de la typo. Le tout décliné dans une palette de couleurs vives.
Un peu à la façon d’un calligramme, le projet Fabric a créé des lettres à partir de son nom. Hein ? Quoi ? Comment ça, c’est pas clair ? Fabric est un projet de développement immobilier aux États-Unis. Une résidence de cinq bâtiments de quatre étages avec un jardin en commun dont l’architecture embrasse le style industriel. Pour promouvoir le projet, le studio Richard Partners a imaginé une identité visuelle reprenant ces éléments. Le logo se compose simplement du nom de l’ensemble, écrit en lettres rouges, toutes liées par un tiret. Comme ceci : F-A-B-R-I-C. Et c’est à partir de cela que le studio de graphisme a créé tous ses caractères.
À Brooklyn, le restaurant Bacàn a fait appel à Pentagram pour leur concocter une identité visuelle aux petits oignons. En argot vénitien, “bacàn” fait référence au tumulte d’un dîner animé. Une atmosphère retranscrite dans l’identité visuelle : les lettres, indisciplinées, comme l’onde sonore, s’étendent, se bousculent et se chevauchent. Résultat ? Un texte aussi vivant que l’ambiance du restaurant.
Certains utilisent aussi leur talent pour faire passer des messages. Inclusivité, militantisme, sensibilisation… Les typographies sont parfois considérées comme des outils visuels. Tout comme les images, elles marquent les esprits de manière plus efficace qu’un texte en Times New Roman. L’esthétique des caractères renforce le propos. Le fond, la forme, tout se mêle pour servir une cause. Pour dénoncer, pour avertir, pour choquer, etc.
Premier exemple, la police Braille Neue, un projet de police universelle. Elle combine le braille et le texte traditionnel, pouvant ainsi être lue avec les yeux ou avec les doigts. L’idée étant de ne plus marginaliser les non voyants en utilisant un seul et unique moyen de communication, compréhensible par tous.
En 2018, une association écologique a également pensé à un moyen original de sensibiliser au recyclage. En collaboration avec une agence slovène, ils ont conçu une police à partir de déchets retrouvés dans la nature. Une initiative prévue à l’occasion de la journée mondiale du nettoyage (World Cleanup Day). La typo, nommée “the cleanest font in the world” (la police la plus propre du monde) se compose des 25 lettres de l’alphabet slovène. L'assemblage bien pensé d’objets ordinaires comme des piles, des bouteilles, des vêtements, des canettes, etc. forme chaque caractère.
La typographie peut-elle vraiment être une arme militante ? Certains semblent le penser. Un an avant cette initiative écolo, un groupe féministe avait aussi décidé de créer un alphabet bien particulier. “The Feminist Letters”, qui ne peut malheureusement plus être téléchargée aujourd'hui, était une police d’écriture très évocatrice.
D’abord, chaque lettre était dessinée de façon à représenter quelque chose d’inhérent au quotidien des femmes : un soutien-gorge, la grossesse, une chaussure à talon, des protections hygiéniques, etc. Ensuite, chacune d’entre elles était accompagnée d’un message : A comme “Ass kicking career women” (les femmes qui assurent au travail), B comme “Birth” (naissance), C comme “campus assault and safety laws” (les agressions sur les campus universitaires et les lois de protection des femmes), etc. Vous avez saisi l’idée.
L'agence Y&R, accompagné du groupe Women of Sex Tech, ont imaginé “The Feminist Letters” en réaction à l’élection de Donald Trump, aux États-Unis. Un président rétrograde et conservateur sur la question de la place des femmes dans la société.
Vous voyez, une typographie peut avoir un réel impact sur le message qu’elle délivre. D’un côté, elle participe à l’identité d’une marque. Elle fait partie des éléments reconnaissables, des choses auxquelles les consommateurs sont attachés. Disney, Coca Cola, Vogue… Vous visualisez très bien les polices utilisées par ces entités, non ? Si, du jour au lendemain, leur typo devait changer, vous le remarqueriez tout de suite.
Par ailleurs, la typographie contribue à la bonne compréhension d’un texte. Il semblerait même qu’elle puisse favoriser la mémorisation. C’est en tout cas ce qu’affirment les chercheurs de l’université RMIT de Melbourne. Ils ont mis au point la police Sans Forgetica, « scientifiquement conçue pour aider à mémoriser les notes de cours ». Est-ce que ça fonctionne ? On vous laisse tester.
En tout cas, cela prouve bien tout le travail qu’il y a derrière la création d’une police d'écriture. Pareil quand il s’agit d’en choisir une d’ailleurs. Graphistes et responsables marketing se creusent les méninges pour ne pas se tromper. À qui on s’adresse ? Quel message veut-on faire passer ? Quelles valeurs souhaite-t-on véhiculer ? À quel point peut-on se montrer créatif ? Et on croise les doigts pour que le résultat ne finisse pas dans le top des pires inventions du Times Magazine (oui, Comic Sans MS, c’est de toi qu’on parle).
On ne vous embête pas avec ça d’habitude, mais puisque vous êtes là : derrière ce média se cache une agence.
Une vraie. De conseil en stratégie digitale. On aide des marques à faire les bons choix, à bosser avec les bonnes personnes, à faire du business sans trop se perdre en chemin.
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